Publications
Exploration des différences culturelles franco-estoniennes : Clé de la réussite des partenariats internationaux
Dans le monde des affaires globalisé d'aujourd’hui, les frontières entre les pays ne sont plus des barrières infranchissables, mais des ponts vers de nouvelles opportunités. Cependant, pour franchir ces frontières avec succès, il est essentiel de comprendre et de respecter les différences culturelles qui peuvent exister entre les nations. Dans cette optique, nous avons échangé avec Mari-Liis Garcia une entrepreneure estonienne basée en France, qui partage son expérience précieuse des nuances entre les approches commerciales estonienne et française.
Communication et style de travail
Mari-Liis souligne d’emblée que la communication et les styles de travail varient considérablement entre l’Estonie et la France.
En Estonie, les échanges entre les différents niveaux hiérarchiques sont plus perméables, encourageant une communication directe et la libre expression des opinions, même si elles vont à l’encontre de la direction.
En France, en revanche, remettre en question l’autorité peut être mal perçu.
Les réunions en Estonie sont marquées par leur efficacité et leur concision, ne dépassant généralement pas 30 minutes, tandis qu’en France, elles sont souvent prévues pour des durées plus longues, sans toujours aboutir à des décisions claires dès la première rencontre.
Gestion du temps et flexibilité
Il existe également des différences notables en matière de gestion du temps.
En Estonie, les paiements sont traités rapidement, une facture étant généralement réglée dans la semaine suivant son émission, alors qu’en France, les délais de paiement peuvent s’étendre à 30 jours ou plus.
De même, la réactivité aux e-mails est plus élevée en Estonie, où les réponses sont envoyées dans la demi-journée, tandis qu’en France, il est plus courant d’attendre quelques jours avant de répondre.
Approche de la négociation
En matière de négociation, les différences culturelles sont également apparentes.
En France, la pratique de la négociation est courante, notamment en ce qui concerne les tarifs, où les parties s’attendent souvent à faire des concessions pour parvenir à un accord.
En Estonie, en revanche, la négociation se concentre davantage sur d’autres aspects tels que les volumes ou les services additionnels, plutôt que sur les prix eux-mêmes.
Les Estoniens estiment généralement que le tarif proposé est un prix juste qui n’a pas vocation à être négocié.
La séduction professionnelle
En France, la séduction professionnelle est un aspect parfois surprenant mais omniprésent du monde des affaires. Cette pratique peut se manifester dans les relations entre supérieurs et subordonnés, entre collègues, mais surtout dans les interactions avec les clients.
Séduire le client pour vendre son produit est un art français qui peut être déconcertant au début.
Cependant, Mari-Liis note qu’elle a appris à comprendre et à intégrer cette dynamique, qui semble être une composante incontournable du tissu professionnel français.
Télétravail
En Estonie, le télétravail est plus répandu et mieux accepté.
Les Estoniens ont largement adopté le télétravail, ce qui leur permet une plus grande flexibilité et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Cette culture du travail à distance s’explique par plusieurs facteurs, notamment la confiance mutuelle entre employeurs et employés ainsi que les avancées technologiques facilitant la collaboration à distance.
En France, la présence au travail est fortement valorisée, ce qui se traduit souvent par un présentéisme prononcé, où l’on s’attend à ce que les employés soient au bureau de 9h à 19h.
Bien que le télétravail ait gagné en popularité, la perception persiste que travailler depuis chez soi signifie travailler moins.
Attitudes face à l’âge et à l’éducation
Les différences d’attitude envers l’âge et l’éducation sont également frappantes.
En Estonie, il est courant qu’une personne relativement jeune occupe un poste de direction. Cette approche repose sur la reconnaissance des compétences individuelles et des mérites, indépendamment de l’âge.
En France, en revanche, l’âge est souvent perçu comme un critère important pour accéder à des postes à responsabilités, ce qui peut parfois limiter les opportunités pour les jeunes talents.
De plus, les normes sociales entourant l’éducation varient entre les deux pays.
En Estonie, détenir un Master est très valorisé et ouvre de nombreuses portes professionnelles.
En France, le diplôme est davantage spécialisé, c’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’avoir un Master pour exercer une profession, mais il faut un diplôme spécifique dans le domaine concerné.
Bien-être des employés et consommation d’alcool
En Estonie, une prise de conscience croissante de l’importance du bien-être des employés se traduit par des initiatives telles que les subventions pour le sport ou les séances de massage, reflétant une attention accrue à la santé mentale et physique au travail.
En France, bien que le bien-être des employés soit pris en compte, des obstacles bureaucratiques et culturels peuvent freiner sa mise en place. Cette disparité est particulièrement marquée entre les grandes entreprises, qui offrent souvent des avantages ergonomiques et des adaptations, et les TPE/PME, où ces bénéfices sont plus limités et nécessitent souvent des démarches complexes auprès du médecin du travail.
Cette différence entre les pratiques des grandes entreprises et celles des PME est quasi inexistante en Estonie.
Enfin, Mari-Liis souligne une différence intéressante concernant la consommation d’alcool lors des réunions d’affaires.
En France, il est courant de consommer un verre d’alcool lors des réunions professionnelles, ce qui est souvent perçu comme un moyen de détendre l’atmosphère et de renforcer les liens sociaux.
En Estonie, en revanche, la consommation d’alcool en contexte professionnel est bien plus rare, voire inappropriée dans certains cas.
Conclusion
En tenant compte de ces observations surprenantes mais instructives, les entreprises cherchant à établir des collaborations transfrontalières entre l’Estonie et la France peuvent mieux comprendre les nuances culturelles qui influencent les interactions professionnelles.
Les enseignements tirés de l’entretien avec Mari-Liis Garcia révèlent des différences notables en matière de communication, gestion du temps, négociation et attitudes professionnelles.
En reconnaissant et respectant ces différences, les entreprises peuvent éviter les malentendus et bâtir des partenariats solides et mutuellement bénéfiques, fondés sur le respect mutuel et la conscience des spécificités culturelles de chaque pays.
Dans cette optique, the bi-cultural support offered by CAdFE to facilitate exchanges entre entreprises est d’une importance cruciale.
En adoptant une approche globale, le CAdFE aide à surmonter les barrières culturelles et à maximiser le potentiel de collaboration, contribuant ainsi au succès des partenariats transfrontaliers entre l’Estonie et la France.
Avertissement :
Les observations présentées dans cette interview avec Mari-Liis Garcia reflètent sa perception personnelle des nuances culturelles entre la France et l’Estonie dans le contexte des affaires.
Il est important de noter que ces perceptions sont subjectives et peuvent varier d’une personne à l’autre.
Elles ne prétendent pas représenter une vérité absolue, mais offrent plutôt un aperçu des expériences individuelles de la collaboration transfrontalière.