Le 17 avril, des représentants de CAdFE ont assisté à la conférence de la FICE intitulée « Les entreprises étrangères veulent-elles rester en Estonie ? ». La conférence s’est centrée sur les conclusions de l’enquête exécutive de FICE, qui est basée sur les réponses d’un grand nombre d’investisseurs étrangers et membres de FICE. L’enquête visait à fournir un aperçu des tendances en matière d’investissement en Estonie pour l’année 2023, y compris la croissance, les salaires, ainsi que des informations sur les projets d’investissement futurs et les préoccupations concernant la croissance économique de l’Estonie.
Le rapport exécutif de FICE 2024 met en lumière à la fois les promesses et les défis auxquels l’économie estonienne est confrontée. Basé sur les informations des leaders d’entreprise, le rapport offre un aperçu complet des sentiments actuels, révélant un mélange d’optimisme et d’appréhension.
Perspectives positives :
Malgré les incertitudes qui planent, une partie significative des répondants (38 %) prévoit une expansion économique au cours de l’année à venir. De manière encourageante, 54 % anticipent une augmentation de leurs revenus au cours de la même période, avec les secteurs de la technologie et de l’informatique en tête de cette croissance dans les années à venir.
Défis à venir :
Cependant, malgré ces projections optimistes, plusieurs obstacles menacent de freiner le progrès de l’Estonie. L’inflation croissante a érodé la compétitivité des entreprises face aux principaux partenaires commerciaux, affectant près de la moitié des répondants (47 %). Malgré les défis importants posés par l’augmentation des coûts de main-d’œuvre et les pénuries, 28 % prévoient d’augmenter leurs effectifs au cours des 6 prochains mois.
L’un des problèmes les plus pressants soulignés par l’enquête est l’augmentation de l’imprévisibilité de l’élaboration des politiques. Le manque de stabilité réglementaire et de dialogue entre le secteur public et privé a exacerbé les incertitudes pour les entreprises. Près de la moitié des répondants (47,8 %) ont exprimé leur insatisfaction quant à la réactivité du gouvernement estonien à leurs préoccupations, notamment en ce qui concerne les récentes augmentations d’impôts et les réformes de l’impôt sur les sociétés.
Disparités régionales et système éducatif :
Un autre défi critique évoqué dans le rapport est les disparités économiques régionales prononcées au sein de l’Estonie. Alors que la région de la capitale prospère, d’autres régions accusent un retard, exacerbant les divisions socio-économiques. De plus, les investissements insuffisants dans la recherche et le développement (R&D) et les lacunes du système éducatif entravent également le potentiel de croissance de l’Estonie.
Recommandations pour la croissance :
Face à ces défis, l’enquête propose plusieurs recommandations aux décideurs pour favoriser une croissance économique durable :
– Renforcement de l’éducation professionnelle : Mettre l’accent sur l’éducation professionnelle et renforcer les liens entre les industries pour résoudre efficacement les pénuries de compétences.
– Attraction de main-d’œuvre qualifiée : Assouplir les réglementations et les quotas de visa pour attirer une main-d’œuvre qualifiée, réduire les pénuries de main-d’œuvre et promouvoir l’innovation.
– Amélioration du dialogue : Favoriser un meilleur dialogue entre les secteurs public et privé pour garantir une élaboration de politiques réactive et une stabilité réglementaire.
– Augmentation des dépenses en R&D : Prioriser les investissements dans la R&D pour stimuler l’innovation et la transition vers des secteurs à plus forte valeur ajoutée, renforçant la compétitivité de l’Estonie sur la scène mondiale.
Conclusion :
Bien que l’économie estonienne fasse preuve de résilience et présente un potentiel de croissance, il est crucial de relever les défis mis en évidence dans le rapport exécutif de FICE pour assurer une prospérité à long terme. En tenant compte de ces recommandations et en favorisant la collaboration entre les parties prenantes, l’Estonie peut naviguer à travers les incertitudes et tracer une voie vers un développement économique durable et inclusif.
Premier Panel : Les entreprises étrangères veulent-elles rester en Estonie ?
La conférence a été suivie d’une discussion en panel, le premier prenant le titre de l’enquête exécutive et examinant les leçons à en tirer. Modéré par Kris Leinatamm, le panel a présenté les perspectives de Tiit Riisalo, ministre des Affaires économiques et des Technologies de l’information ; Sirli Männiksaar, directrice d’Ericsson Estonie et présidente du conseil d’administration ; Karsten Staehr, professeur de macroéconomie à TalTech ; et le Dr Scott Levy, PDG de BlueMount Capital (Royaume-Uni) Ltd.
Navigation des défis économiques :
L’une des principales préoccupations soulevées lors du panel était le défi posé par les taux d’inflation élevés, notamment dans le secteur manufacturier. La hausse des prix de l’énergie et de l’électricité a entraîné un sentiment d’incertitude et des prévisions économiques déprimées. Karsten Staehr a souligné la nécessité d’une politique fiscale raisonnable, plaidant en faveur d’un système fiscal relativement plat et d’une taxation progressive des revenus. Il a souligné le potentiel de redistribution encore inexploité et a exhorté à un équilibre prudent entre les dépenses et les impôts.
Communication et gouvernance :
Le Dr Scott Levy a souligné l’importance d’une communication efficace entre le gouvernement et les entreprises. Il a souligné que les entreprises se concentrent sur leurs activités, et non sur le lobbying, et a appelé à une approche pragmatique de la politique. Le paysage politique accessible de l’Estonie, caractérisé par un petit service public, a été mis en avant comme un aspect positif facilitant la communication entre les décideurs politiques et les entreprises.
Prévisibilité et climat d’investissement :
Sirli Männiksaar a souligné l’importance de la prévisibilité pour les entreprises opérant en Estonie. Malgré les inquiétudes, elle a mis en avant l’investissement important dans la recherche et le développement, avec pour objectif de doubler l’économie dans les dix prochaines années. Elle a souligné la facilité d’entreprendre en Estonie, citant une faible bureaucratie et un environnement favorable.
Attrait de l’Estonie :
Le ministre Riisalo a remis en question les perceptions de stagnation économique, soulignant une croissance et un développement tangibles dans divers secteurs. Il a reconnu les défis existants mais est resté optimiste quant au potentiel d’investissement de l’Estonie. Sirli Männiksaar a fait écho à ce sentiment, citant l’investissement substantiel d’Ericsson dans la recherche et le développement en Estonie et l’attrait du pays pour la qualité de vie.
Combler le gap des compétences :
Karsten Staehr a souligné la nécessité de combler le gap des compétences en Estonie, plaidant en faveur de programmes de formation et d’améliorations du système éducatif. Le Dr Scott Levy a salué le vivier de jeunes talents éduqués et anglophones de l’Estonie, le positionnant comme un avantage concurrentiel par rapport à d’autres pays. Cependant, il a également souligné l’importance de combler le fossé entre le système éducatif et les besoins des entreprises grâce à des stages et à une formation pratique.
3. Prix de la Chambre de l’année 2024
À cette occasion, la FICE a présenté le prix de la Chambre de l’année 2024 sur la base de la participation de chaque chambre à l’enquête proportionnellement à sa taille. Grâce à l’engagement indéfectible de ses membres, CAdFE a été élue Chambre de l’année 2024, fruit d’un engagement de deux ans de ses membres et de son bureau exécutif ! Un prix significatif pour la future Chambre de commerce et d’industrie française en Estonie. Violaine Champetier de Ribes a reçu le prix des mains de Peter Thomsen, président de la FICE.